Comment les bactéries de notre intestin pourraient-elles jouer un rôle sur la dépression ?
Plus de 250 millions de personnes de par le monde souffrent de dépression. Un chiffre probablement sous-estimé et certainement majoré par la crise de la Covid.
Une équipe de chercheurs belges a analysé en 2019 les échantillons de selles de plus de 1000 personnes volontaires. Cette équipe a observé que deux familles de bactéries étaient systématiquement moins représentées chez les dépressifs, y compris ceux sous traitement par antidépresseurs.
L'étude d'une population témoin de 1000 Néerlandais a validé ces conclusions d'un lien statistique entre le nombre de certaines bactéries et le niveau de bien-être et de santé mentale (référence article publié dans la revue scientifique Nature Microbiology).
Une nouvelle recherche finlandaise de 2022 menée sur des milliers de personnes publiée dans Nature Genetics démontrent "un effet causal potentiel de la bactérie Morganella, notamment sur le trouble dépressif majeur".
Dans l'étude de 2019, les familles de bactéries concernées étaient Coprococcus et Dialister qui sont connues pour avoir des propriétés anti-inflammatoires.
Or "on sait par ailleurs que l'inflammation des tissus nerveux joue un rôle important dans la dépression. Donc notre hypothèse, c'est que les deux sont liés d'une façon ou d'une autre", a expliqué Jeroen Raes, professeur de microbiologie à l'université KU de Louvain.
"L'idée que des substances issues du métabolisme de microbes puissent interagir avec notre cerveau - et donc avec notre comportement et nos sentiments - est intrigante", reconnaît Jeroen Raes. "Jusqu'à présent, la plupart des études portaient sur les souris ou sur un petit nombre de personnes, et les résultats étaient mitigés et contradictoires", a-t-il expliqué.
Dans l'étude de 2022, les chercheurs ont prouvé que les bactéries Morganella et Klebsiella jouaient un rôle dans la physiopathologie inflammatoire de la dépression. En effet, Science explique que dans le cas d'une dépression majeure on retrouvait beaucoup plus d'anticorps luttant contre les effets des bactéries intestinales comme Morganella.